lundi 21 mai 2012

La Chine modernise son armée à l'aide de technologies occidentales, selon le Pentagone

De Mathieu RABECHAULT (AFP)   

WASHINGTON — Acquisition de technologies occidentales, cyberespionnage et développement de différents types de missiles pour interdire l'accès à ses zones côtières: la montée en puissance militaire de la Chine se poursuit à un rythme soutenu, affirme le Pentagone dans un rapport.
Le budget militaire chinois, le deuxième au monde après celui des Etats-Unis, s'élève officiellement à 106 milliards de dollars en 2012, en hausse de 11,2%, relève vendredi le ministère américain de la Défense dans son rapport annuel au Congrès sur la puissance militaire chinoise.

Mais ce budget ne comprend pas de nombreuses dépenses, notamment les frais de modernisation des armes nucléaires ou les achats d'armes à l'étranger. Les dépenses militaires réelles s'élèvent entre 120 et 180 milliards de dollars, estime le Pentagone.
"La Chine poursuit un programme de modernisation militaire global, de long terme" afin de lui permettre de l'emporter dans des conflits locaux ou des "opérations de haute intensité de courte durée", affirme le rapport. Le cas de Taïwan et le soutien américain à l'île rebelle restent au coeur de la stratégie chinoise.
Pour ce faire, la Chine acquiert nombre de technologies occidentales dites à "double usage", civil et militaire. Pour le Pentagone, "tirer profit de l'acquisition, légale et illégale, de technologies à double usage ou liées à un usage militaire" est un "objectif de sécurité nationale affiché" par Pékin.
L'armée américaine craint ainsi que cela n'"apporte une contribution substantielle aux capacités militaires" chinoises.
Le Pentagone s'inquiète ainsi des transferts technologiques dans l'industrie aéronautique civile. L'avionneur européen Airbus dispose par exemple d'une ligne de production en Chine.
"Nous sommes attentifs aux investissements chinois destinés à améliorer leur industrie de défense et à leur capacité de produire des versions chinoises de toute une série d'équipements militaires", a confié aux journalistes David Helvey, haut responsable du Pentagone chargé des affaires asiatiques.
La Chine a également largement recours à l'espionnage industriel à des fins militaires, qui implique aussi bien les services de renseignement que les instituts de recherche et les sociétés privées.
"Les acteurs chinois sont les responsables les plus actifs et les plus obstinés au monde dans le domaine de l'espionnage économique", dénonce le rapport, qui pointe également le cyberespionnage d'origine chinoise.
Internet pourrait aussi servir Pékin pour des "opérations offensives", selon M. Helvey.
L'armée chinoise développe par ailleurs ses capacités dites d'"anti-accès", destinées à repousser toute menace militaire loin de ses côtes grâce à une panoplie de missiles. Avec, en ligne de mire, la puissance navale et aérienne américaine.
L'armée chinoise se modernise à marche forcée et s'apprête ainsi à lancer en 2012 son premier porte-avions, poursuit la mise au point de son avion furtif J-20 et de son missile balistique antinavire dit "tueur de porte-avions", le DF-21D d'une portée supérieure à 1.500 km.
La Chine "acquiert et déploie de plus en plus de missiles balistiques à portée intermédiaire afin d'augmenter la portée à laquelle elle peut mener des frappes de précision contre des cibles terrestres ou navales, dont des porte-avions, opérant loin des côtes chinoises", pointe le rapport.
Pékin dispose ainsi de 75 à 100 missiles d'une portée allant jusqu'à 3.000 km et entre 1.000 et 1.200 missiles d'une portée allant jusqu'à 1.000 km.
Pour éviter que la situation ne dégénère un jour en raison d'un "malentendu", le Pentagone prône un dialogue le plus étroit possible avec les responsables militaires chinois.
Début mai, le ministre chinois de la Défense Liang Guanglie a été reçu au Pentagone, une première depuis neuf ans.

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