jeudi 7 juin 2012

Al Qaida

Un drone américain aurait tué le numéro 2 d’al-Qaida au Pakistan. Sans revenir sur la stratégie discutable du recours à cette pratique extra-judiciaire sur le territoire d’un pays souverain sans son consentement, c’est la notion même de la politique d’extermination des responsables d’organisations terroristes ou déclarées comme telles qui pose question. Quel pays, hormis Israël et les États-Unis peut se permettre de bafouer les règles de base de la loi pour porter le glaive où le souhaite sans se soucier ni des « effets collatéraux », ni des réactions de la « Communauté internationale »  et en marge de tout procès équitable ? Assurément aucun. 
Pour quel résultat ? La radicalisation à laquelle poussent ces agressions, le recours à la violence en lieu et place de la justice n’ont pas réussi à pacifier le monde ni à renforcer la sécurité et encore moins à résoudre le moindre conflit comme l’attestent les faits au quotidien. Cette logique aveugle alimente au contraire le ressentiment et est utilisée par les recruteurs des organisations concernées pour motiver les candidats à la mort en jouant sur leur imbécillité et leur crédulité. Nul doute que l’exécution de Abou Yahya al-libi au Pakistan, si elle est confirmée, engendrera des réactions mortelles, alimentant pour les uns et justifiant pour les autres le cercle vicieux de la violence. Nul doute non plus qu’aussitôt sa mort officialisée, une autre tête surgira, puis une autre et une autre… L’interventionnisme américain sur l’arc Yémen-Irak-Iran-Pakistan sous une forme nouvelle pour faire face au fléau du terrorisme ne peut s’émanciper des règles du droit international. A moins que l’objectif réel ne soit différent de celui annoncé officiellement. Auquel cas, tout discours d’opposition serait inutile.  Pour en finir définitivement avec la nébuleuse Al-Qaïda, la meilleure solution est de revenir au droit et à la justice, de les appliquer de manière impartiale pour délégitimer le recours à la violence de toutes les parts.

Source : le Soir-Echos

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